Stage sportif en Thaïlande du 20 octobre au 30 octobre 2011.

 

Pour les touristes occidentaux, l'île de Phuket, en Thaïlande, présente toutes sortes d'intérêts.
Sont-ils cependant nombreux, ceux qui voient en Phuket, une occasion de vivre une expérience exceptionnelle, axée sur la découverte d'un monde très éloigné du mode de vie occidental, d'efforts physiques importants, de fatigue, d'acceptation d'absence de confort, de perte de repères temporels, de tout ce qui compose un petit voyage douillet et parfaitement réglé ?

C'est exactement ce que vient de vivre un groupe d'enfants de Charenton-Le-Pont (94), âgés de 11 et 12 ans.
Ces enfants ont été volontaires pour découvrir, à travers un stage de Boxe Thaïlandaise, un monde inconnu d'eux.

Bien que chacun des enfants ait une idée approximative de ce qu'il allait vivre, l'expérience a été source de nombreuses surprises.
Elle leur a apporté, nous le souhaitons, des enseignements enrichissants pour leur vie d'adolescent puis d'adulte.

Le Rendez-vous a été donné à l'aéroport international Roissy Charles de Gaulle, un vendredi matin.
Tout le monde s'est retrouvé, excité et anxieux à l'idée de ce voyage hors du commun.

Le vol vers Bangkok, d'une durée d'une douzaine d'heures, s'est déroulé de manière très classique, pour un voyage d'agrément, discussions, repas, lectures et loisirs vidéo.

Bangkok a été pour nous un simple transit, avant d'atteindre Phuket, notre destination.

Arrivés à l'aéroport, nous avons été accueillis par notre contact, M, un français. Celui-ci passe régulièrement du temps dans la région et est adepte des sports de combat.
Il a aimablement accepté de "défricher" le terrain, en se mettant à la recherche de structures de boxe permettant d'accueillir, dans le cadre du projet, l'ensemble du groupe, et surtout les enfants.
M était accompagné d'une guide locale. Elle l'a assisté dans la recherche du camp "idéal".
Bien que M possède une certaine connaissance de la langue, l'assistance d'une personne locale était appréciable.

Tout a donc commencé sous les meilleurs hospices.

Afin de vivre au mieux cette aventure, nous avons décidé de débuter le séjour par 48H de repos, dans un hôtel de la ville de Patong.
L'hôtel, à l'écart de l'effervescence du centre, a permis à chacun d'accumuler énergie et force afin d'aborder le stage dans les meilleures conditions possible.


Au cours de ce " repos ", nous avons dormi, parcouru les allées d'un marché et découvert un aperçu de la cuisine thaïlandaise.
A l'occasion d'achats de souvenirs, les enfants ont pu exercer leurs talents de négociateurs. Il y a sans doute quelques progrès à faire.

Arrivé le grand jour, celui de l'intégration dans le camp de boxe thaï, et surtout celui du 1e entraînement.

C'est le camp de SING PATONG qui a été choisi.
Ce club présente de nombreux intérêts.
Il est traditionnel, absolument pas aménagé pour les boxeurs en recherche de sensations, mais qui ne voudraient pas oublier leur confort. Il n'y a pas de piscine, pas de chambre climatisée, pas de restaurant " étoilé ".
Cerise sur le gâteau, ce club a la réputation d'être l'un des meilleurs de Thaïlande. Il a à son actif la formation de nombreux champions.
En ce moment même, l'un de ses membres, Damien, un français de 21 ans, est champion du monde.

L'accueil par le patron du club est amical.
Sans que nous ayons eu le temps de réaliser où nous nous trouvions, nous sommes déjà en train d'essayer d'exécuter les mouvements de boxe thaï que nous montrent les différents professeurs.

L'arrivée d'enfants français dans ce camp attire la sympathie des professeurs et des athlètes présents. Damien, le champion du monde français, au repos suite à un combat ayant eu lieu 2 jours auparavant, participe de manière spontanée et bénévole à l'encadrement des enfants. Il semble les avoir immédiatement pris en affection.


Voici de manière détaillée la description des 4 journées passées à vivre cette aventure extraordinaire au sein du club de SING PATONG :

1e journée :
Séance de 2 heures de boxe thaï, découverte des mouvements de base de ce sport.
Observation des athlètes de toutes nationalités venus s'entraîner auprès d'entraîneurs réputés. A notre grande surprise, les français sont représentés en masse. Les athlètes thaïs sont vraiment impressionnants, jeunes, plutôt petits et très légers, exécutent les mouvements avec une rapidité très grande, une puissance incroyable et une endurance fantastique.
Les enfants sont en admiration devant le spectacle et cela les encourage à s'exprimer physiquement. Enfin, ils peuvent prouver concrètement leur motivation à participer à ce voyage.
Après 2 heures de sueur, de joie et de saine fatigue, nous prenons possession de notre " demeure ".
Il s'agit d'une petite pièce dans laquelle ont été déposés " délicatement " des planches déguisées en matelas. Cela a bien la forme de matelas mais possède la dureté de planches de bois. Attenant, une " splendide " salle de douche avec WC : Eau de pluie marron récupérée pour les WC et vieux tuyau sans douchette, duquel sort un filet d'eau froide en guise de douche. Le sol de la salle de douche est du béton recouvert en permanence de 5 cm d'eau. Pieds nus de nuit s'abstenir, d'autant plus que nous avons la chance d'avoir eu la visite d'un scorpion.
Les insectes nous ont particulièrement appréciés. Les moustiques nous ont mis au menu de tous leurs repas. Cela a très certainement été une succession de festins.

De manière à ce que les enfants puissent vivre pleinement leur expérience, ils sont mis en situation d'autonomie relative. Les adultes se font le plus discret possible.

Après l'entraînement et une douche " froide ", direction le restaurant.
Le camp n'assurant pas les repas, cela nous permet de les prendre dans un petit restaurant, pour y manger thaï, naturellement.
L'endroit étant peu fréquenté, la cuisine, fort sympathique, se compose de :
Riz + poulet, riz + crevettes, riz + fruits de mer, pâtes de riz + poulet, pâtes de riz + crevettes, pâtes de riz + fruits de mer, soupe au poulet, aux crevettes, aux fruits de mer.
Les boissons : Eau plate, eau gazeuse, voire de manière exceptionnelle, un soda.

La 1e nuit, le sommeil est difficile à trouver : Nous sommes fatigués mais surtout excités par l'entraînement du jour. Nous sommes également encore trop habitués au confort de nos foyers respectifs pour apprécier notre logis provisoire.

Avant de nous endormir, nous recevons la visite du patron du camp, lequel a apporté des gâteaux et des oreillers. C'est un geste affectueux vis-à-vis des enfants.

2e jour :
Réveil tout en douceur à 06H45.
Echauffement avec un footing de 30 mn.
Le rythme de la course à pied est très calme... Si seulement il n'y avait pas autant de montées et de descentes. Le camp est dans les terres, un peu à l'écart Patong. Il n'y a que des collines, et les pentes sont " pentues " !

Après le footing, étirements indispensables pour la récupération et l'enchaînement du cours de boxe thaï. Les enfants sont émus car un peu bousculés par rapport à leurs habitudes. Les larmes ne sont pas loin.

Puis le cours commence et notre petit groupe est à nouveau surpris du sérieux avec lequel les enfants sont encadrés.
Les entraîneurs considèrent les enfants, débutant dans ce sport, avec autant d'égard que les athlètes de haut niveau. La même attention leur est accordée, voire plus.
Le champion français est à nouveau présent. Il ne s'entraîne pas et continue de prodiguer amicalement ses conseils aux boxeurs en herbe.

Voici les techniques de boxe pratiquées au cours de ce stage :
Avant tout, la tenue est composée uniquement d'un short, si possible de boxe thaï, lequel est ample. Les pieds et le torse sont nus.

Coups de tibias fouettés (gauche et droit), coups de genoux, coups de poings (direct, crochet, uppercut), coups de coudes. Il y a également du corps à corps, l'entraînement consistant à essayer de déstabiliser le partenaire, voire de le faire tomber au sol. A ce jeu, les boxeurs thaïlandais surclassent très largement les occidentaux. Ils sont techniques et endurants.
Un enfant thaïlandais pratiquant la boxe a accepté de faire du corps à corps avec les enfants français. Bien sûr, cela se fait de manière souple, pour ne pas risquer de se faire mal.
C'est très instructif. L'enfant thaïlandais est concentré tout du long, et surtout très calme, quelle leçon.
Mis à part les corps à corps, tous les coups sont frappés sur des paos (coussins très rembourrés tenus par les professeurs).
Cela permet aux sportifs de porter les coups, de travailler de manière précise, pendant des sessions longues (plus de 4mn chacune), sans courir le risque de se blesser.

Dans la salle, les sons sont très présents : ceux des cris poussés à chaque frappe, et surtout ceux des coups claqués sur les paos.


L'entraînement du matin se pratique à jeun. Manger avant aurait été très perturbant pendant les efforts physiques importants.

Après vient la douche et son filet d'eau froide, suivi du petit-déjeuner et déjeuner réunis. Ne serait-ce pas la définition du brunch ? Pas tout à fait, sans doute que c'est un peu frugal pour mériter ce terme.

L'après-midi est consacré au repos mais aussi et surtout aux échanges entre les enfants. Cela inclue également les petits conflits dus à la fatigue, la vie en communauté et la promiscuité.

16H : Le processus sportif reprend ses droits : footing, étirements, cours de boxe thaï.

Après le cours (19H), il y a à nouveau le passage obligé sous le filet d'eau froide et la petite balade jusqu'au restaurant nous servant de cantine.
Le repas (nourriture exclusivement thaï) se prend dans l'excitation et la fatigue dues à la journée.

Les 3e et 4e journées se déroulent de la même manière.
La 4e journée conclue le stage. Une remise de trophées aux enfants couronne l'ensemble. Le souvenir de ce stage, lequel va rester gravé dans leurs mémoires, nous n'en doutons pas, sera donc également immortalisé par une statuette représentant un combat de boxe thaï.

Au cours de ces 4 journées, nous avons observé l'évolution du niveau technique des enfants. Ils ont progressé à pas de géants, sans doute autant que pendant plusieurs mois de cours hebdomadaires.

Les professeurs ont de plus en plus montré d'intérêt et essayé de faire sortir le meilleur de chaque enfant. La motivation des enfants a été un peu plus grande chaque jour. Ils se fondaient totalement parmi les autres athlètes. Leur comportement et motivation étaient similaires à ceux des autres.
A titre anecdotique, pendant l'entraînement, les enfants ont même bu l'eau que donnaient les professeurs, alors que la règle 1e était de ne boire que de l'eau minérale en bouteille.

L'expérience a été suffisamment forte et marquante pour que nous allions jusqu'à perdre légèrement certains sens des réalités.

Pour bien voir jusqu'où va l'engagement de tout un peuple dans ce sport, nous avons assisté à une compétition de boxe thaï.
L'engouement est fort, les paris sont importants, les cris de supporters impressionnants.
Le gala auquel nous avons assisté mettait en compétition tous les âges : dès 8 ans pour les plus jeunes. Surprenant, les combats des jeunes enfants ont été les plus beaux, mais déstabilisants pour nous. En France, des combats d'enfants, en compétition ou autre, ne sont pas concevables, affaire de cultures ?
La compétition a été suivie d'une restauration rapide dans un marché adjacent. Cela fut " l'explosion " de couleurs et de saveurs. Le traditionnel hamburger de nos jeunes n'était pas au rdv.

Après le stage :
Décompression, repos bien mérité, reprise pied avec la réalité des vacances faciles. Evaluation des bobos du stage : Quelques irritations et diverses piqures (certaines provenant des " matelas - planches ").
Le temps qui restait entre les siestes réparatrices a été utilisé pour faire de nouvelles découvertes : une plage de sable fin, au milieu d'un décor de rêve : une île au large de Phuket, accueillant aussi bien les touristes que les poissons de nombreuses espèces. La visite d'un chantier de construction d'un Bouddha géant. La visite d'un marché de souvenirs 100% touristes et enfin, une balade à dos d'éléphants.


Si le retour en avion s'est déroulé de la même manière qu'à l'aller (repas, loisirs vidéo), les discussions ont toutes tournée autour de cette expérience extraordinaire et l'envie de la faire découvrir à de nombreux autres jeunes.


Bravo les enfants.